Guerre 1812 dans le sud-ouest de l'Ontario

6 days / 546 km / 10 hours 10 minutes

Ce roadtrip est consacré à une page d'histoire du Canada, la Guerre de 1812, une série d'escarmouches mettant aux prises les jeunes États-Unis d'Amérique et la Grande-Bretagne sur le territoire l'Amérique du Nord britannique entre juin 1812 et décembre 1814. Bien qu'il y ait eu des batailles sur la côte Atlantique, sur les Grands-Lacs, au lac Champlain et dans la vallée du Richelieu au Québec ainsi que dans le sud-est de l'Amérique du Nord, seuls les lieux historiques se trouvant dans le sud-ouest de ce qui constituait le Haut-Canada (aujourd'hui l'Ontario) sont couverts par cet itinéraire.

Un coup d’œil rapide sur cette guerre de 1812

Depuis la Déclaration d'Indépendance des États-Unis en 1783, de nombreux américains loyaux à la couronne d'Angleterre ainsi que des loyalistes des Six-Nations ont immigré au Canada. L'augmentation de la population de langue anglaise se considérant sujets britanniques dans le Québec d'alors amène les autorités britanniques, en 1791, à scinder la province en deux régions : le Bas-Canada composé en grande partie d'anciens sujets Français aux coutumes et aux lois découlant de l'ancien régime français et le Haut-Canada en grande partie peuplé de retraités de l'armée britannique conquérante, de sujets britanniques américains émigrés ou déplacés en raison de leur loyauté à la couronne britannique et de peuples autochtones de toutes provenances.

Le 18 juin 1812, lorsque les États-Unis d'Amérique déclarent la guerre à la Grande-Bretagne, près de la moitié de la population du Haut-Canada est composée de loyalistes d'origine américaine. Autant dans le Haut-Canada que dans le Bas-Canada, des échanges amicaux se font entre les habitants des deux côtés de la frontière, de nombreux canadiens ayant de la famille en Nouvelle-Angleterre ou à Détroit au Michigan. En raison de cette amitié, certains Américains croient fermement que les Canadiens seront heureux de se débarrasser du joug britannique et de rejoindre les États-Unis d'Amérique si on leur en donne l'occasion. C'est ainsi qu'ils pensaient que la conquête du Canada serait facile.

Après la Déclaration d'Indépendance et la mise en place des nouvelles frontières entre les deux pays, plusieurs forts britanniques se retrouvaient en territoire américain et furent cédés aux États-Unis. Au début des années 1800, les tensions qui augmentent avec les États-Unis inquiètent les Britanniques qui ne se sentent pas en position de force face aux Américains. Ils entreprennent alors la construction de nouveaux forts, tels que ceux de George, Amherstburg et St-Joseph ainsi que des travaux de renforcement des fortifications existantes telles que celles de Québec afin de protéger les routes d'approvisionnement et de commerce des Grands-Lacs. De plus, les Britanniques déjà en guerre contre la France depuis 1793, n'ont que peu de troupes régulières pour défendre leurs territoires en Amérique du Nord. Avec moins de 1 000 soldats réguliers en Amérique du Nord britannique, la Grande-Bretagne doit pouvoir compter sur les milices locales et les colons pour défendre ses frontières en cas d'invasion américaine.

Par ailleurs, les Premières Nations, repoussées vers le nord et l'ouest par les spéculateurs fonciers et les colons américains de plus en plus envahissants, sont déjà en guerre contre les États-Unis pour le contrôle des terres au nord-ouest de la rivière Ohio. Depuis 1786, les nations autochtones du Nord-Ouest regroupées en Confédération défendent férocement les frontières de leurs territoires. Dans ce conflit, la Grande-Bretagne s'offre comme médiatrice et par une série de rencontres tente de faire accepter l'idée d'un État autochtone neutre entre le Mississippi, l'Ohio et les Grands-Lacs, ce que le gouvernement américain rejette catégoriquement. En 1794, une victoire décisive des Américains à la bataille de Fallen Timbers oblige la Confédération à céder aux Américains toute la vallée de l'Ohio. En 1810, dirigée par le prophète Shawnee Tenskwatawa et son frère Tecumseh, la Confédération des Premières-Nations se reconstruit, ce qui inquiète les Américains. À l'automne 1811, le gouverneur de l'Indiana, Harrison, attaque et détruit le village du prophète Tenskwatawa. Parmi les vaincus, beaucoup s'enfuient au Canada et demandent l'aide des Britanniques. En raison de leur propre guerre contre les Américains, Tecumseh et ses troupes vont naturellement s'allier aux Britanniques dès le début de la guerre de 1812.

À l'aube de la Déclaration de guerre, les Américains sont très agacés par leurs voisins du Nord. D'abord, ces territoires appartiennent à cette Grande-Bretagne dont on vient juste de se débarrasser et que l'on voudrait bien chasser de toute l'Amérique. La Marine Royale présente en Amérique du Nord se permet même d'enrôler de force des marins prétendument déserteurs pour servir sur les navires de guerre anglais. Ensuite, cette même Grand-Bretagne, en guerre contre la France, impose de nombreux freins au commerce avec l'Europe, portant ainsi atteinte à la souveraineté de la nouvelle république américaine. Finalement, on soupçonne l'Amérique du Nord britannique de soutenir les Premières Nations dans leur guerre contre l'expansion américaine et l'envahissement de leurs territoires au Nord-Ouest de l'Ohio et à l'ouest du Mississippi.

Pour ces raisons, les États-Unis déclarent la guerre le 18 juin 1812. Leur plan d'invasion comprenait trois fronts : le front de Détroit, le front du Niagara et finalement le front de Montréal. À la fin de 1813, les États-Unis occupaient le territoire canadien à la frontière de Détroit mais n'avaient pu s'emparer ni de la région du Niagara et encore moins de Montréal. Le gouvernement américain était en faillite, leur commerce ruiné par le blocus britannique et la Nouvelle-Angleterre s'apprêtait à faire Sécession pour faire la paix avec les Britanniques. En 1814, fort de nouvelles troupes, les Britanniques contre-attaquent en territoire américain mais ne remportent que peu de succès. Le 16 février 1815, le traité de Gand met fin à la guerre de 1812. De cette guerre, il n'y eut ni gagnants, ni perdants si ce n'est le peuple des Premières-Nations. Tout ce qui fut gagné comme territoire par l'une ou l'autre des deux puissances fut rendu à la fin de la guerre. Ainsi, les frontières demeurèrent à peu près ce qu'elles étaient avant la guerre. Mais les Premières Nations continueront à perdre leurs territoires peu à peu grugés par de nouveaux colons en marche vers les riches terres de l'ouest.

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